Dimanche 18 octobre 2015 à 16h30
Concert à l’église de Saessolsheim.
Caroline Magalhães et Marie-Madeleine Koebelé, chant ; Francis Jacob et Daniel Maurer, orgues
Litanies et autres œuvres grégoriennes, baroques, et modernes (dont les Litanies à la Vierge Noire de Poulenc). Transcription pour deux orgues de Litanies de Bruna, J. Alain, M. Dupré…
Entrée libre, plateau
Un programme qui explore ces musiques à la fois colorées et lancinantes, allant d’une belle simplicité à des moments de grande force. L’auditeur, à la faveur d’atmosphère parfois très particulières, est transporté dans un sentiment du temps très loin du rythme de nos vies modernes. Ce programme est le fruit de transcriptions réalisées spécialement pour la configuration rare, disponible à Saessolsheim, avec ses deux orgues magnifiques. Du sur-mesure, un programme très original.
Après le concert mémorable de la Messe en si (15 septembre dernier), la série des concerts à Saessolsheim reprend en beauté, avec un concert qu’on peut mettre dans la catégorie «sur mesure», «propre à Saessolsheim». Si la Messe en si a fait l’unanimité par la grande qualité, la richesse de son exécution, le concert suivant sera lui aussi de grande qualité, et étonnera par sa conception, et par son exécution, en particulier par la part réservée aux deux orgues de Saessolsheim, un atout musical précieux, qui donne au lieu son identité : quelque chose qu’on n’entend nulle part ailleurs.
La forme de ce concert est remarquable : partant de l’effectif proposé (deux chanteuses, deux orgues et deux organistes) et des bouleversantes Litanies à la Vierge Noire de Francis Poulenc, Francis Jacob a exploré dans des styles musicaux très variés, autant dans le répertoire chanté que dans le répertoire d’orgue ce genre liturgique (ou de concert selon le cas) bien spécifique. Et le programme sera en effet un entraînant voyage, des lointaines et intemporelles Litanies grégoriennes à des œuvres du vingtième siècle (Poulenc, et côté orgues, Marcel Dupré, Jehan Alain), en passant par des joyaux baroques (Charpentier, Bruna, Dumont). Les litanies dans la liturgie consistent en une prière tranquille, qui sur des mélodies simples et patiemment répétées, évoquent l’un après l’autre une multitude de saints. Tout en prenant son temps, la formule instale un rythme : telles un balancier, les phrases sont partagées entre deux intervenants, le premier qui invoque un Saint, le second qui conclut la phrase par «ora pro nobis». Le tout installe un balancement lancinant, un déroulement agréable, tel un navire doucement bercé sur les flots. Là où les choses vont plus loin dans le concert proposé, c’est que l’ensemble du programme est conçu comme une sorte de grande Litanie : les pièces s’enchaîneront sans coupure, et la Litanie grégorienne viendra ponctuer l’ensemble du programme à 5 reprises (dont le début et la fin), donnant au tout le rythme d’un tout discontinu, en une sorte de grande Litanie. Une belle atmosphère en perspective.
Dans le genre des Litanies plus développées (prévues pour le concert), comme dans la musique classique en général, la notion de contraste, de variété est omniprésente : le genre de la Variation (proposer un même thème, mais présenté de nombreuses manières différentes) est ainsi une forme qui va de soi dans la musique classique. Les Litanies seront déclinées lors de ce concerts dans des styles différents, chaque époque musicale apportant sa saveur au tout.
Et enfin, l’ensemble fera la part belle non seulement aux deux talentueuses chanteuses que le public pourra apprécier une nouvelle fois ici, mais aussi aux deux orgues de l’église de Saessolsheim. Les interprètes sont tous quatre collègues au Conservatoire de Strasbourg. De manière générale, les églises à plusieurs orgues sont assez rares, et généralement plutôt grandes. Dans l’acoustique intime de l’église de Saessolsheim, les sonorités riches, colorées, autant du grand-orgue que du petit, dialoguent, se marient, se parlent, s’opposent, avec une richesse et un bonheur auditif que seul l’expérience peut révéler, l’auditeur étant placé au milieu des deux instruments, baigné dans une véritable conversation musicale, placé au centre d’un véritable tableau sonore.
Un concert à ne pas manquer !
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